Madame Le Figaro                    11/04/2014

Elles sont nées arabes ou africaines et veulent faire évoluer une mentalité archaïque, qu’on la nomme coutume, tradition ou fondamentalisme, et qui résiste au changement. Égyptiennes, Tunisiennes, Syriennes, elles sont devenues des actrices de la vie publique qu’elles soient femmes politiques, chercheuses ou journalistes et luttent pour des droits fondamentaux. Dans Musulmanes et laïques en révolte (Éditions Hugo & Cie, paru en février), les journalistes et écrivaines Monique Ayoun et Malika Boussouf dressent le portrait de vingt femmes d’exception qui incarnent une bataille quotidienne pour le respect de soi et de toutes les femmes. Ces rebelles ont en commun un désir de changement initié par leurs expériences personnelles et propulsé sur le devant de la scène par des événements politiques qui leur ont donné espoir. Portraits de quatre d’entre elles, certaines que la liberté est à portée de main.

Randa Kassis : « Je serais plutôt du genre à défendre “le mariage pour personne” »

Syrienne, peintre, anthropologue et journaliste, opposante au régime de Bachar el-Assad 

Née à Damas, Randa se proclame athée depuis l’enfance. Avec un père agnostique et une mère grecque orthodoxe, ses parents illustrent le conflit qui tiraille le pays : son père s’oppose au régime d’Hafez el-Assad tandis que sa mère le défend. À 5 ans, la petite fille se perce l’hymen par inadvertance, un acte qui deviendra un combat politique. « Ce qui me déplaisait par-dessus tout, c’était cette idée de devoir donner sa virginité au mari », reconnaît aujourd’hui Randa. Le mariage est tellement lié à l’hymen, qu’elle finit par rejeter les deux. Ado rebelle, elle part retrouver son frère en France, pays dont elle tombe immédiatement amoureuse. Peintre de nus, mère célibataire, elle s’essaie au kick-boxing et au théâtre avant de se lancer en politique en 2008. Elle est l’une des premières femmes à s’exprimer sur la Toile, inquiète de la montée de l’islamisme radical. En 2011, à la suite du « printemps syrien », elle intègre le Conseil national syrien dont elle est évincée après avoir tenu des propos virulents à l’encontre des islamistes. En septembre 2012, elle fonde un nouveau parti, le Mouvement de la société pluraliste, pour rassembler les communautés syriennes au-delà des clivages ethniques.

Son combat 

Elle souhaite avant tout faire tomber le régime de Bachar el-Assad et tente de conclure un compromis avec une partie des défenseurs du système pour mettre fin au bain de sang dans le pays. Elle milite activement pour une société pluraliste et laïque. Randa est persuadée que les avancées se feront par les femmes puisqu’elles n’ont plus rien à perdre. Elle a elle-même pour objectif d’accéder aux plus hautes marches du pouvoir et faire de la Syrie, une démocratie.

Reference: http://madame.lefigaro.fr/societe/musulmanes-laiques-femmes-contre-coran-110414-849400

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