Le Huffington Post               06/06/2016

Le vice-Ministre Russe des Affaires Etrangères, Mikhaïl Bogdanov s’est entretenu le 25 mai 2016 avec les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et a tenu à saluer à cette occasion, le dialogue plein de promesses avec ses homologues sur le dossier syrien.

Dans le même temps, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a t -il rappelé la volonté de Riyad de renforcer les relations avec Moscou.

Lorsque la négociation de Genève pour la paix en Syrie marque le pas, l’infléchissement de la position saoudienne couplée avec une convergence ponctuelle avec Moscou, sont assurément les bienvenus.

L’absence de résultat quant aux négociations de Genève ne peut se comprendre qu’à l’aune de la perte d’influence des États-Unis sur leurs alliés régionaux

Dans ce contexte, pour Randa Kassis, représentante de l’opposition laïque syrienne, l’absence de résultat quant aux négociations de Genève ne peut se comprendre qu’à l’aune de la perte d’influence des États-Unis sur leurs alliés régionaux.

De fait, Washington n’est plus en mesure d’imposer ses conditions à ses alliés saoudien et turc. Et Randa Kassis de marteler: “Seul Moscou est en mesure d’imposer un changement progressif mais radical sur ce dossier”.

On soulignera que si Barack Obama a la ferme intention de s’impliquer sur ce terrain, avec une volonté réelle de séparer le dossier ukrainien et la question du nucléaire du traitement de la crise syrienne, c’est le département d’État américain qui fait obstruction à tout accord avec les Russes.

Dans ce contexte, “une partie de cette administration américaine est alignée sur les positions radicales d’Ankara et de Riyad et elle défend la doctrine de la guerre d’usure”.

C’est assurément cette approche globale des États-Unis vis-à-vis de la Russie que fustige Randa Kassis. En clair, le Département d’Etat américain soutient les mesures de rétorsion économiques contre la Russie décrétées le 29 juillet 2014, et régulièrement prolongées depuis.

Etant entendu que c’est bel et bien l’Union européenne qui subit les conséquences de cette situation de crise. Et qu’en guise de représailles la Russie répond à ces sanctions en adoptant des restrictions qui prévoient un embargo sur une large quantité de produits agroalimentaires européens.

Washington a pris conscience qu’une convergence entre Moscou et Riyad est aujourd’hui plus que jamais envisageable

La Russie est dorénavant en position de force. Sur le plan opérationnel, elle a du reste renforcé sa présence en Syrie en septembre 2015. Et c’est ainsi que Washington a pris conscience qu’une convergence entre Moscou et Riyad est aujourd’hui plus que jamais envisageable.

C’est ainsi que les divergences de fond entre Moscou et Riyad n’excluent pas un rapprochement dans les semaines à venir qui serait déterminant pour trouver une issue politique à cette crise. A ce titre pour Riyad, les crispations tiennent en premier lieu à une affaire de personne.

De fait, les Saoudiens demeurent inflexibles sur la question du départ inconditionnel de Bachar El-Assad. Ils redoutent par là même la politique de Téhéran et son influence grandissante dans la région.

Moscou est en mesure de trouver un équilibre entre les ambitions régionales iraniennes et saoudiennes

Or, dans ce contexte, Moscou est en mesure de trouver un équilibre entre les ambitions régionales iraniennes et saoudiennes. Si les Russes offrent des garanties suffisantes à Riyad, une évolution de la situation est tout à fait probable. “Mais pour l’heure, le principal adversaire ne demeure t-il pas la Turquie et l’expansionnisme néo-ottoman d’Erdogan?” peste Randa Kassis.

http://www.huffingtonpost.fr/olivier-d-auzon/quand-le-rapprochement-entre-riyad-et-moscou-accord-syrie_b_10305314.html