Paris Match             24/11/2016

Le fils aîné de Donald Trump s’est rendu à Paris le mois dernier pour rencontrer le Center for Political and Foreign Affairs, un think tank français. Randa Kassis, figure de l’opposition syrienne, était présente. Elle nous raconte.

Trois semaines avant l’élection de son père, Donald Trump Jr s’est rendu, en toute discrétion, à Paris. Le 11 octobre, il déjeunait avec une trentaine de personnes à l’invitation du Center for Political and Foreign Affairs, un think tank dirigé par Fabien Baussart. Figure de l’opposition syrienne, favorable à une transition politique et au dialogue avec Moscou, Randa Kassis (par ailleurs épouse de Fabien Baussart) se trouvait à ce déjeuner et a accepté de confier à Paris Match ses impressions.

Venu pour parler de l’élection présidentielle et des opinions sur la politique internationale du candidat des républicains, Donald Trump Jr a été interrogé sur le conflit en Syrie par Randa Kassis, qui nous le décrit comme «quelqu’un qui comprend les choses, qui connaît la complexité de ce dossier, la complexité du Moyen-Orient» : «Ce n’est pas un activiste. La politique, ce n’est pas l’activisme. C’est trouver un terrain d’entente et arriver à un compromis. Ce compromis ne comptera pas avant un accord entre les Américains et la Russie concernant la Syrie.»

Des “points convergents” avec Donald Trump

Randa Kassis milite pour «un accord entre la Russie et les Américains sur un processus réaliste et pragmatique, mais qui ne veut pas dire accepter Bachar el-Assad» : «Au contraire : Bachar el-Assad restera au pouvoir tant qu’on n’a pas trouvé une solution politique, tant qu’on n’a pas trouvé d’accord entre la Russie et les Etats-Unis. Considérer la Russie comme un ennemi ne sert à rien parce que la Russie est présente en Syrie, qu’on le veuille ou non, qu’on l’apprécie ou non. Personne ne pourra déclarer une guerre contre la Russie, qui est une puissance nucléaire.» L’ancienne membre du Conseil national syrien, le forum de l’opposition, admet donc avoir «des points convergents» avec le président élu sur le dossier syrien : «J’en ai parlé avec Donald Trump Jr et je l’ai senti vraiment très réaliste, très pragmatique. Il connaît le dossier syrien plus que l’administration d’Obama.»

Durant la campagne, Donald Trump a lui aussi appelé à une alliance avec la Russie pour vaincre le groupe terroriste Etat Islamique. Bachar el-Assad a dit de lui, après son élection, qu’il était un «allié naturel, de la même manière que nous le sommes avec les Russes, les Iraniens et beaucoup d’autres pays qui veulent défaire le terrorisme».

“Je crois qu’il est vraiment capable d’être un homme politique aux Etats-Unis”

Au moment de la venue de son fils à Paris, Donald Trump n’était pas le favori de l’élection. Son aîné semblait alors assez prudent sur l’issue de l’élection : «Il ne nous a jamais dit que son père allait gagner ou perdre, c’est quelqu’un de très rationnel. Il nous disait ce qu’il voyait dans les rues aux Etats-Unis, que les gens l’aimaient, le voulaient vraiment, les messages qu’il recevait…»

Bien qu’il ne puisse pas être nommé au sein de l’administration Trump pour des questions de conflit d’intérêt –et qui se poseront s’il dirige bien, avec sa sœur Ivanka et son frère Eric–, la société familiale durant le mandat de leur père, Donald Trump Jr pourrait bien avoir un avenir politique, à en croire Randa Kassis : «Si vous me demandez mon avis, je crois qu’il est vraiment capable d’être un homme politique aux Etats-Unis. Ce n’est pas lui qui l’a dit, mais je crois qu’il est vraiment bien, c’est quelqu’un qui est pertinent, qui comprend les choses et il cherche à comprendre, à analyser d’une manière très réaliste et non en se basant sur des fantasmes, comme certains politiques en France ou en Angleterre».

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