L’IDENTITÉ SYRIENNE : UNE DIVERSITÉ DANS LES MINORITÉS

Le régime syrien a alimenté une tendance dans l’esprit des individus en la rendant opérationnelle  à travers la construction d’un modèle culturel unique, en la définissant dans le cadre d’informations et d’expériences stockées dans notre mémoire longue qui reflètela culture de notre entourage qui conduit à son tour à une unité de vision et de stratégie.

Ce modèle culturel limite le processus de compréhension de l’individu qui est considéré comme un processus constructif et créatif. Ces limitations facilitent le processus de rigidité mentale et le refus d’accepter une autre explication de toute situation donnée. À titre de preuve, nous avons observé une certaine ressemblance dans la rhétorique du régime syrien et celle de l’opposition syrienne. En dépit des différences idéologiques et de la concurrence intense entre eux, on constate que les styles prédominants de la rhétorique, l’analyse et la stratégie sont les mêmes.

Le régime syrien dépend de la terreur, de l’effroi qu’il attise parmi les minorités (qu’elles soient ethniques, religieuses, sectaires ou idéologiques …) et de l’islam politique qui est présent dans les rangs de certains de ceux qui combattent ce régime. Cette peur devient une carte essentielle que le régime joue dans le but de limiter la bataille à deux faces (avec ou contre Assad). Ce régime attise aussi le sentiment nationaliste arabe, qui définit, en principe, toutes les minorités ethniques comme nécessairement subordonnées. Nous avons observé un préjudice similaire lors de la dernière conférence du Caire pour l’opposition syrienne à travers l’inflexibilité de certains envers le processus de reconnaissancedes droits du peuple kurde, qui sont ancrés dans cette région dont ils sont originaires.

Beaucoup de Syriens traitent de la question kurde comme étant une théorie du complot. Pour préempter ces actions [la reconnaissance des droits du peuple kurde], ils accusent les Kurdes d’avoir fomenté une sécession avec la création d’une entité kurde dans la région. Nous nous devons de rappeler à tous l’histoire de la lutte du peuple kurde contre le régime syrien oppressif. Depuis l’époque de Hafez al-Assad, les Kurdes ont joués un rôle dans la grande histoire de la lutte syrienne. La persécution du peuple kurde a commencé dans les années cinquante, elle atteint un pic de discrimination raciale à leur encontre avec la libération du recensement datant du 23 Août 1962 et signée par le Président de la République, Nazim al-Qudsi.C’était le début d’un processus de persécution des Kurdes programmé par le gouvernement syrien.

L’histoire a prouvé l’affiliation du peuple kurde à la grande patrie syrienne qui rassemble tous les peuples, ce qui deviendra clair pendant la période transitoire qui suivit l’indépendance, lorsque la citoyenneté devint une valeur essentielle à tous. Toutefois, la montée du nationalisme arabe a montré les débuts de la discrimination entre le spectre du peuple syrien et le déni des minorités ethniques et de leurs droits les plus élémentaires, sans oublier 1962 et le décapage de 120.000 citoyens kurdes de leur citoyenneté en une seule journée.

Discuter de la question kurde ;de leurs souffrances, de la reconnaissance des erreurs de cette période et du travail pour y remédier, sert ce mouvement et nous pousse vers la construction d’une nation de citoyens égaux. Pour cette raison, je me dois de parler du reste des minorités, et en particulier de la communauté alaouite, qui est considérée comme une partie essentielle de la solution. Gagner la confiance des Alaouites pourrait accélérer le processus de changement avec l’élimination du régime Assad en ouvrant des canaux avec les personnes qui pourraient être des passerelles influentes vers les membres de leur communauté et en adoptant un discours patriote participatif pour que les Alaouites fassent partie du processus politique de la Syrie de demain.

Les Alaouites ainsi que les autres minorités religieuses souffrent d’un sentiment de crainte de la persécution. Il est de notre responsabilité de garder les souffrances des Alaouites dans notre mémoire collective, qui est pleine de lourds souvenirs datant de la persécution et de la discrimination historique de l’époque du Sultan Abdulhamid. Ce genre de commémorationnous est nécessaire afin de dépasser cette situation historique d’isolement et d’extrême pauvreté, qui a facilité l’émergence d’une discrimination flagrante entre les classes. Je traite de ces souffrances afin que nous puissions comprendre et surmonter cette situation tendue dans laquelle tout le monde reste en permanence sur la défensive.

Ce qui nous manque aujourd’hui dans cette situation stressante,c’est la cooptation des groupes silencieux et des proches du régime, qui opèrent dans une position défensive et qui luttent pour survivre, tout comme les autres groupes. L’ajout de ces groupes pourrait fournir des aspects positifs supplémentaires à ce soulèvement, et permettrait de mieux représenter la Syrie grâce à un caractère national diversifié.

Pour cette raison, je crois que notre dépendance au principe de crédibilité dans le traitement de l’actualité et de l’information nous sera avantageuse, et saura rassurer tous les groupes effrayés qui ne souhaitent qu’une chose, compte tenu des événements actuels douloureux, revenir à la sécurité, la stabilité et la tranquillité.

Par conséquent, il me faut signaler que des éléments étrangers à ce mouvement (révolutionnaire) travaillent au service d’Assad et tentent de prolonger son maintien au pouvoir. Critiquer le comportement et les actes de violence qui ont été entrepris par certains éléments opportunistes associés à ce mouvement et qui ne servent que leurs propres intérêts étroits, ne diminue pas l’importance de ce mouvement. Je dirais même que nous devons les exposer et déployer tous nos efforts pour les éloigner afind’éviter que lalutte se transforme en une bataille sectaire, qui ne fera que servir les agendas de certains pays de la région.

Je ne peux que conclure cet article en gardant l’espoir  et en travaillant à l’émergence d’une Syrie pluraliste qui reflète sa très longue histoire.