Paris Match                        14/12/2014

Randa Kassis, présidente du Mouvement de la société pluraliste, ex-membre du Conseil national syrien. Auteure avec Alexandre del Valle du « Chaos syrien » (Dhow éditions).

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Paris Match. La semaine dernière, Bachar El-Assad expliquait dans Match ne pas avoir cessé, depuis le début de la guerre en Syrie, de “défendre le peuple contre les ‘terroristes’”. Le croyez-vous ?
Randa Kassis. Le régime a toujours utilisé cette excuse. Malheureusement, ce qui était faux hier est vrai aujourd’hui. Et Bachar El-Assad a évidemment sa part de responsabilité. Il connaît la région, la société, les zones d’influence. Il sait qui peut financer les mouvements radicaux. Il les a laissés exploiter le terreau du radicalisme.

Il continue d’accuser la Turquie.
Oui, cela aussi, il le faisait déjà alors qu’il n’avait pas de raison de le faire ; mais aujourd’hui, il a raison. Parce qu’il n’a pas réussi à imposer les Frères musulmans en Syrie, Erdogan s’est vengé. Il a laissé les djihadistes aller et venir en Syrie. Comme l’a révélé la chaîne allemande ARD, il y a même eu des camps d’entraînement de Daech à Gaziantep, en Turquie.

Comme Bachar El-Assad le laisse entendre, en sommes-nous au point où il est nécessaire de dialoguer avec lui ?
Malheureusement, oui. Sur le terrain, le régime n’est pas notre seul ennemi ; nous devons affronter Daech, al-Nosra, Khorassan. Nos amis kurdes ne sont pas équipés pour les vaincre. Le régime ne peut devenir un allié, mais nous devons exercer une pression pour qu’il accepte le processus politique. Cela passera forcément par le dialogue.

Le peuple syrien peut-il oublier les massacres perpétrés par le régime ?
Il n’est pas question d’oublier ou de ne pas oublier ! Le peuple souffre et veut la paix. Il est temps d’œuvrer à la réconciliation pour reconstruire.