21/06/2015

La culture sexiste envers la femme dans les sociétés arabo-musulmanes est consécutive des fondements même de la religion musulmane. La conscience arabo-islamique de la réalité est totalement obsolète. Même si cette perception est différente selon les communautés. L’héritage culturel, lui aussi est totalement différent d’une communauté à une autre du fait même des diverses structurations sociales. Certes, la religion musulmane reste attachée à ses racines “désertiques” et à ses sources tribales. Elle a enfermé l’individu dans une coquille en fortifiant la phallocratie afin de l’inscrire dans le cadre totalitaire de la religion. Résultat, cet individu est devenu un pantin entre les mains des muftis atteints, en majorité, d’une obsession sexuelle récurrente. Cette obsession est sans aucun doute, inspirée par des textes religieux toujours à la recherche d’un paradis fondé principalement sur la libido sexuelle. Il suffit d’avoir connaissance de nombreuses fatwas à l’encontre des femmes pour réaliser le degré élevé de la frustration sexuelle chez certains muftis. Leur quête démesurée d’un  modèle viril accentue l’hégémonie de l’homme sur la femme dans ces sociétés religieuses.

Les récentes contestations dans plusieurs pays arabes ont suscité beaucoup d’espoir chez les femmes. Ces protestations populaires étaient alors considérées comme le début d’une prise de conscience dont le but final aurait été de parvenir à un changement. Ces révoltes avaient été précédées d’une phase de plusieurs mouvements laïques et anti-religion qui exprimaient largement dans le monde virtuel un désir de reformes majeures. Le but ultime des laïques était l’instauration d’une démocratie fondée sur les principes du droit de l’individu afin de pouvoir s’exprimer enfin librement. La femme était bien présente dans tous ces mouvements laïques, bien avant et pendant le déclenchement du « printemps arabe ». Elle espérait ainsi établir logiquement un état d’égalité et de parité entre femme et homme afin d’en terminer avec toute sorte de discrimination.

Contrairement à toutes ces attentes, le printemps arabe a favorisé la montée d’un islam radical basé sur des versets violents dits littéraires où la femme souffre d’un mépris traduit par un comportement misogyne et par des traités de jurisprudence à son encontre.  Ce printemps s’il a permis de renverser quelques dictateurs arabes, il est aussi évident qu’il les a remplacé par une autre forme de tyrannie : les diktats religieux. Avec le retour à un état religieux, il était fatal que les femmes allaient être les premières victimes. D’ailleurs, leur condition de vie s’est détériorée dans plusieurs pays du printemps arabe malgré leur participation active à la dénonciation de l’autoritarisme et à la tentative de briser des tabous.

Paradoxalement, le statut de la femme a donc bien connu une régression suite aux soulèvements populaires en série dans la région de MENA. Plus encore, la femme est devenue la première cible des violences aussi bien physiques, sociales qu’économiques dans ces pays. Toutefois, le bilan reste largement mitigé et varie selon chaque pays dans la région de MENA en raison de la diversité et de la situation dans chaque pays.

Prenons le cas de l’Egypte : la femme souffre d’un harcèlement sexuel permanent qui s’est encore  aggravé depuis la révolte de 2011. Les mutilations génitales et les crimes d’honneur persistent dans la société égyptienne. Les lois envers les exécuteurs de ces crimes restent des plus laxistes.

Les tunisiennes, elles, ont connu un statut plus avantageux que dans d’autres pays de MENA. Mais, par exemple, les lois concernant l’héritage restent toujours en faveur de l’homme. Après la chute de Ben Ali et l’arrivée du premier gouvernement islamiste élu, la femme tunisienne s’est battue durement afin de préserver ce qu’elle avait obtenu de longue date. Mais le parti islamiste Ennahda a tout de même favorisé le retour a la  polygamie d’une manière informelle, mais illégale.

En Libye, la condition de la femme reste bien plus préoccupante qu’en Tunisie. L’ancien président du CNT Moustafa Abdeljalil a établie la charia comme base de la législation libyenne en déclarant « Nous avons adopté la charia comme loi essentielle et toute loi qui violerait la charia est légalement nulle et non avenue ».

Au Yémen, autre pays considéré comme l’un des plus archaïque dans le monde entier concernant la condition de la femme, continue à faire subir aux yéménites des lois misogynes et tribales. Et la situation ne s’est pas arrangée après la révolte, d’autant que l’avancée de al-Qaida et son emprise sur plusieurs régions  a accentué le processus.

En Syrie, la situation de la femme varie selon l’appartenance sociale, religieuse ou ethnique. La société syrienne est une société hétérogène dont le code civil est différent d’une communauté à l’autre. Il existe en Syrie quatre codes civils qui concernent les communautés catholique, orthodoxe, druze et sunnite. Pour ce dernier, il s’inspire de la charia musulmane. La constitution syrienne affirme la laïcité et la liberté des cultes mais, à contrario, elle stipule dans son article « 3 » que le président de la république doit être musulman. Par ailleurs, bien que cette constitution garantisse l’égalité entre hommes et femmes dans le cadre professionnel (c’est à dire, l’égalité des salaires, l’encouragement de l’autonomisation de la femme syrienne…), elle contient néanmoins des articles discriminatoires à l’encontre des femmes avec un code pénal qui donne par exemple un fondement juridique aux “crimes d’honneur. Résultat : depuis la révolte de 2011, des femmes sont devenues les victimes de viols par des hommes du régime ou par des rebelles. Et la situation s’est encore aggravée, spécialement dans les zones contrôlées par la rébellion islamiste. Des lapidations de plusieurs femmes accusées d’adultère commises par les djihadistes de l’Etat Islamique imposent aux femmes de rester confinées dans leur foyer.

Il faut encore rappeler que les autres rebelles islamistes défendent un islam rigoriste et cherchent à imposer leurs idées rétrogrades qui entravent l’épanouissement de la femme.

Une petite lueur d’espoir est à noter en Syrie ! Elle concerne l’amélioration de la condition de la femme dans la zone kurde syrienne avec l’établissement d’un modèle laïque et égalitaire entre femme et homme. L’auto-administration des Kurdes en Syrie a mis en place un système qui élimine toute forme de discrimination à l’égard des femmes en consacrant l’égalité entre les deux sexes sur le plan juridique mais aussi sociétal. Par exemple, les syriennes-kurdes dans cette zone occupent 40% des conseils locaux et les combattantes sont en première ligne face à un ennemi primitif et barbare.

En conclusion, il est évident que la femme dans ces sociétés religieuses basées sur l’intériorisation de nombreux tabous est privée d’une grande partie de son émancipation. En fait, la culture des sociétés arabo-musulmanes est fondée sur la base d’asservissement de l’individu dont la femme est la première victime.

L’islamisation de ces sociétés et la prise du pouvoir par des islamistes dans certains pays a fait que les femmes sont bien les premières perdantes. Elles souffrent d’une injustice masculine basée sur le coran qui accorde à l’homme une prééminence sur la femme que ce soit devant la justice ou en matière d’héritage.

Au vingtième et unième siècle, le statut de la femme arabo-musulmane s’est dégradé au point de la réduire à la seule procréation. D’où une énorme frustration, car cette même musulmane, à travers l’information et les réseaux sociaux, peut faire facilement la différence avec des modèles plus émancipés. On comprend mieux les sentiments de révolte qui les animent.

Les syriennes ont une grande chance : elles peuvent se rallier aux minorités qui forment 35% de la population et sont en faveur de la laïcité, seul moyen de garantir un code civil inspiré ou fondé sur le principe de l’égalité et parité entre femme et homme.

Face à la barbarie islamique de l’EI, les femmes musulmanes n’ont plus rien à perdre. Elles doivent jeter toutes leur force dans l’auto-critique envers un islam rigoriste et littéraire. Dans ce combat, il est temps que elles trouvent avec des hommes de bonne volonté le chemin de la laïcité