18/06/2008

Nous constatons la persistance d’une pensée immuable dans les sociétés arabes, déterminée par le rejet des changements et transformations qu’elles subissent. Elles vivent dans l’isolement et refusent l’autre comme elles refusent de s’attacher à lui.  En faisant une distinction entre elles et les autres sociétés, et elles finissent par établir des distinctions entre ses propres membres.
Les sociétés arabes vivent dans un état de léthargie. Les échecs subis pendant des siècles ont paralysé leurs mouvements et leurs tentatives. En plus, l’échec récent de certaines idéologies a contribué à les jeter dans une hystérie religieuse et morale à tel point qu’elles ne sont plus conscientes des transformations nécessaires qu’elles doivent opérer. Elles passent aujourd’hi, tel un enfant, par une étape  d’inconscience. Chaque individu de ces sociétés porte en lui aujourd’hui  le poids de l’histoire arabe, ses victoires et ses défaites, et cherche vainement à fuir les douleurs et les échecs que les Arabes ont subis. Chacun enterre cette histoire dans ses tréfonds, se dresse une couronne de valeurs morales, s’illusionne qu’il est le bien aimé de Dieu et  se promet un avenir glorieux.
Les cultures des sociétés arabes sont basées sur l’orgueil et l’honneur d’appartenir à la communauté, isolées et renfermées sur elles-mêmes, elles n’hésitent pas à accuser les autres sociétés de racisme, et elles oublient de s’arrêter un petit moment devant un miroir pour voir leur propre racisme haineux, et leur abominable détesation de tout individu et toute société différents d’elles. Sur un plan psychologique, ce sentiment de défaite à cause des échecs nombreux subis se transforme en l’illusion d’une victoire perdue et met ces sociétés en  état d’alerte permanent face à quiconque leur est différent. Elles se tissent une robe de peur et déclarent la guerre aux autres sociétés. L’état d’alerte qu’elles vivent se renforce, de sorte qu’elles finissent par perdre leur objectif pincipal : mener l’individu et la société au plus haut degré de l’humanité.
Le sentiment de peur s’accroit, alors elles commencent par se réprimer et, en premier lieu, par briser leurs propres membres. Le drame enseveli dans leur mémoire renait alors et elles endossent ensuite le rôle d’un simple soldat à la courte vue.Voici ce qu’ils leur manque, sont des cadres bâtisseurs, capables de s’accommoder aux changements. Leurs stratégies disparaissent et  elles se mettent dans un état de fureur coriace d’ou découle un repli sur soi destructeur. Une grande peur et un grand désarroi s’emparent alors de ces sociétés.
Il ne leur reste plus alors dans cette situation que de glorifier leur religion et d’y puiser règles et lois, puis de là, à établir un système anachronique qui ne peut pas être en harmonie avec les transformations radicales opérées dans les autres sociétés. La société musulmane arabe est alors démantelée et elle s’installe dans un cercle étroit dans lequel elle refuse tout ce qui est étranger. Son combat est mené sur deux fronts : un front intérieur dans lequel elle paralyse toute velléité de rébellion ou de transformation, et un autre, extérieur, dans lequel elle cherche à affirmer son être et ses convictions toujours face à l’étranger. Sa vision étroite et pessimiste l’éloigne de la paix et de la stabilité intérieure et la jette dans un état d’auto-répression.
Les sociétés arabes ont connu de nombreuses épreuves par le passé, mais malheureusement elles n’ont pas acquis les compétences nécessaires pour affronter les épreuves actuelles. Certaines religions du Moyen-Orient n’ont pas aidé, non plus, à l’évolution de la pensée ni à l’acquisition de leçons nécesssaires après les épreuves endurées par les peuples de cette région. Cette option totale pour les religions a généré une incapacité d’analyse saine et  rationnelle.
Les peuples du Moyen-Orient pensent résoudre leurs difficultés par leur foi : ils se tournent vers Dieu et voilà Dieu qui occupe une large partie de la pensée et de la vie quotidienne. La personnalité individuelle se dissout et cette dissolution se reflète immanquablement sur le comportement du groupe.
Le pacte entre l’individu et le groupe dans ces sociétés est partiel et conditionnel. Les individus cèdent leurs convictions au groupe et celui-ci les adopte. L’individu est alors totalement prêt à sacrifier sa vie pour le groupe.Tant que les sociétés de cette région puiseront dans la religion, leurs valeurs, leurs règles et leur législation, La religion sera le but ultime pour chaque individu qui désirera ainsi se sacrifier pour le groupe, et au lieu d’adopter des valeurs rationnelles, les sociétés moyen-orientales ont fait de la religion une identité première après la chute du nationalisme arabe. L’expansion du fondamentalisme draconien qui appelle au jihad au service de Dieu n’est donc pas étonnant.