12/07/2010

Après le débat télévisé consacré au sujet : “Le voile: interdiction ou autorisation”, diffusé sur la chaîne T.V France 24 et après qu’un déluge d’insultes diverses à connotations sexuelle soit déversé à mon sujet sur ma boite électronique, j’ai décidé de consacrer une analyse à ce phénomène pour mieux comprendre la vitupération de certains religieux qui non seulement se replient sur eux-mêmes, mais témoignent d’une incapacité à utiliser un langage plus décent.

Commençons par l’analyse de cette violence verbale. Derrière ces insultes, nous pouvons déceler des fantasmes refoulés issus des désirs biologiques premiers. Ceux-ci sont destinés à être déchargés afin de libérer toutes les tensions accumulées dans les organes génitaux. Ainsi, en suivant des instructions religieuses, ces croyants refoulent leur désir et les fuient en les sublimant. Dans certaines sociétés, les religieux perçoivent les notions de bonheur et de joie comme totalement dissociées de la notion de plaisir, envers laquelle ils éprouvent le plus grand mépris, de sorte que ces interdits refoulés et enfouis dans l’inconscient et finissent par constituer la vaste mémoire et par influer d’une manière inconsciente sur les comportements et habitudes.

Si nous analysons en profondeur cet état psychologique de refoulement et d’intériorisation des habitudes, nous constatons que le mot « bonheur » est interprété et représenté en fonction des concepts et valeurs acquis dans le contexte de notre environnement extérieur. Comme l’a très bien dit Henri Laborit, « Alors que pour nous le bien être apparaît lorsque la pulsion ou l’automatisme acquis sont satisfaits et qu’il accompagne de satiété, la joie semble ajouter à cette satisfaction la participation de l’imaginaire, et le plaisir lui, est lié au temps présent,  l’accomplissement de l’acte gratifiant ». Quant au plaisir, il s’agit d’un état qui complète les deux précédents, avec la nécessité supplémentaire d’évacuer par le sexe la charge résultant des deux premiers états. Revenons aux insultes nourries d’images sexuelles.

Nous pouvons constater que ces insultes expriment l’état imaginaire et phantasmatique présent dans les représentations de certains religieux. En lançant des insultes de nature sexuelle, les religieux essayent de se décharger de toute pression psychologique accumulée et interférée, de sorte que les insultes qu’ils profèrent parlent d’elles-mêmes lorsqu’elles révèlent un état ou une activité masturbatoire.

Nous rencontrons certes naturellement ce type d’états de troubles chez de nombreuses personnes dans les sociétés réprimées et fondées sur la base de l’asservissement de l’individu. A contrario, l’être humain qui est conscient de ses spécificités et besoins biologiques puis de son environnement externe construit d’une manière plus consciente les bases et les critères d’une morale qui respecte toute personne. Ceci passe selon nous par un effort permanent pour découvrir des conceptions et une morale basées sur le respect de tout être vivant, sans exclusive.

De mon point de vue, les religieux qui s’adonnent aux insultes à caractère sexuel en réaction à mes remarques sur la religion ont été formatés mécaniquement et non consciemment par ces phénomènes d’intériorisation, d’enfouissement et de sublimation de désirs sexuels réprimés et refoulés dans un inconscient qui cherche ensuite à se défouler verbalement par l’outrance. Ils sont incapables d’assumer tout d’abord leurs propres pulsions instinctives et ensuite de s’adapter à l’Autre, à celui qui est différent, étranger à leur univers. Et cela est le résultat d’une culture d’inhibition des désirs sexuels qui repose sur la transformation de la sexualité en une opération mécanique et routinière dont le but ultime est réduit à la procréation.

Ce gouffre entre les instincts, les besoins biologiques et la culture environnante constitue une sorte de fissure d’où naît un effroi bien profond… Les individus qui se trouvent dans des sociétés religieuses et qui ont intériorisé les nombreux tabous se privent d’une grande partie de leur plaisir sexuel au profit de la domination communautaire. Pour cela, ils ne cessent de défendre vivement leurs valeurs et critères répressifs non-adaptés aux satisfactions naturelles des instincts et qui permettent de réhabiliter la domination du “Moi”. Alors, le “Moi” individuel sert l’intérêt du groupe qui consacre l’individu à son service tout en lui donnant quelques satisfactions minimes.

Revenons maintenant aux satisfactions biologiques réprimées (le sexe) et à leurs relations avec l’effroi et l’hostilité.

L’activité sensorielle de l’individu tend à satisfaire sa structure, et c’est ce qu’on appelle l’équilibre biologique, autrement dit; cet équilibre recherche à la fois le bonheur, la joie et le plaisir. Et en cas de collision de ces mobiles biologiques avec les lois externes basées sur “le principe de la domination” naît l’effroi résultant de l’impossibilité d’atteindre le plaisir recherché afin d’atteindre la satisfaction des instincts. L’individu fuit ensuite devant cet effroi par une hostilité envers tout ce qui peut l’inciter à connaître les pulsions réprimées. Cela signifie que l’hostilité et la vitupération sont l’expression d’une tentative d’atténuer l’effroi psychologique né des conflits internes qui agissent à divers niveaux au sein de notre système biologique et qu’il est difficile de satisfaire pour l’individu réprimé.

En conclusion, notons que le besoin d’évacuer les énergies sexuelles chez les religieux nécessite pour eux l’adoption volontaire d’un comportement hostile, agressif, visant à décharger tous les fantasmes refoulés et donc non-satisfaits. De plus, le conflit entre ce que l’on a aquis du monde extérieur et ses instincts naturels est enregistré dans notre inconscient. Ainsi la rupture entre le conscient et l’inconscient est intensifiée à cause du gouffre qui sépare la mémoire enfouie et la mémoire expressive.

Il serait donc préférable de revenir d’une manière consciente au principe du plaisir afin qu’il y ait une réconciliation entre le plaisir et les principes externes (valeurs inculquées par la société) et afin de créer des nouvelles valeurs et une nouvelle morale dont le but serait de réconcilier la satisfaction de nos besoins biologiques et la protection des intérêts inhérents à la vie en société.

Reference : L’état Névrotique des Muftis